Fonctionnaires fédéraux : l’absentéisme est souvent une conséquence du stress. Un changement de culture est nécessaire.
Les fonctionnaires fédéraux se déclarent moins souvent malades, mais restent plus longtemps chez eux en cas d’absence. Ce phénomène s’observe surtout chez les agents plus âgés. « Le stress est la principale cause d’absence pour maladie. Nous avons déjà pris des mesures pour mieux concilier travail et vie privée, mais un retournement culturel est aussi nécessaire sur le lieu de travail », indique Petra De Sutter. Les chiffres proviennent du nouveau rapport annuel de Medex.
Les fonctionnaires fédéraux sont moins souvent malades. « Moins de collaborateurs se sont déclarés malades en 2021 en comparaison aux autres années. Le pourcentage de fonctionnaires fédéraux qui n’ont signalé aucune absence pour maladie est passé de 32,8 % en 2019 à 40 % en 2021 », explique la ministre De Sutter.
« Il est difficile d’en préciser la raison, mais je note cette tendance à la baisse l'année où nous nous sommes concentrés sur le droit à la déconnexion, où le télétravail s'est imposé et où nous avons mené une forte sensibilisation autour du bien-être mental au travail. Nous avons pris des mesures importantes pour maintenir l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée », précise la ministre.
Vers un retournement culturel
« Malgré la diminution du nombre de fonctionnaires malades, nous observons une durée d’absence plus longue. L'année dernière, la durée moyenne d’une absence était de 10,3 jours alors qu'en 2017, elle n'était que de 7,4 jours. Le nombre d'absences de plus d'un mois est également en hausse au sein de l’administration fédérale », explique Petra De Sutter à partir du rapport Medex.
« C’est une tendance que nous observons également dans le secteur privé. L’absentéisme pour maladie qui est « psychique et liée au stress », d’après la dénomination officielle, est la principale maladie liée au travail. Le droit à la déconnexion ou le télétravail ne sont pas suffisants pour lutter contre ce phénomène. Un retournement culturel doit être amorcé. Il est important, par exemple, de faire en sorte que les dirigeants attentifs au bien-être au travail puissent en discuter. Cette approche est l'un des éléments de la lutte contre le stress sur laquelle je vais me concentrer davantage l'année prochaine. »
L'âge joue un rôle
Nous observons que le vieillissement joue également un rôle dans les absences pour maladie. « Comme dans le secteur privé, nous constatons que dans l'administration fédérale aussi, la durée des absences et la gravité des problèmes de santé augmentent avec l'âge. Medex enregistre que les fonctionnaires plus âgés sont plus longtemps malades que leurs collègues plus jeunes. On constate que le taux d'absentéisme chez les fonctionnaires les plus jeunes tournait autour de 3,8 % l'an dernier alors qu’il s'élevait à un peu moins de 10 % chez les plus de 60 ans (p. 33). L'absence moyenne des fonctionnaires les plus jeunes (jusqu'à 24 ans) est de 7 jours. Avec l'âge, la durée d'absence moyenne passe à 23 jours chez les agents de plus de 60 ans ».
Les troubles liés au stress et les troubles locomoteurs ont le plus grand impact sur les absences pour maladie des fonctionnaires fédéraux. Ces diagnostics ont représenté plus de la moitié de la durée totale des absences. Plus de six pour cent de la durée des absences était liée au cancer.
Enfin, Petra De Sutter compare l'absentéisme pour maladie dans l'administration fédérale à celui du secteur privé. « Sur l'ensemble des jours ouvrables dans l’administration fédérale, on note un taux d’absentéisme de 6,60 %, tandis que dans le secteur privé - selon la source - ce pourcentage est de 7,46 % (Securex) ou de 6,13 % (SD Worx). Il faut toutefois noter que SD Worx ne tient pas compte des absences supérieures à un an, ce qui donne une image altérée. »